3e. Oral HdA. Guernica de Pablo Picasso.

Publié le 2 Février 2013

3e. Oral HdA. Guernica de Pablo Picasso.

Arts, états et pouvoir

Arts du visuel

Mémoire collective et individuelle. L'œuvre d'art comme moyen de propagande, l'œuvre d'art comme arme politique, l'œuvre comme témoignage. L'artiste engagé ou comment un artiste met en scène un événement historique et politique de son époque.

 

Titre : GUERNICA de Pablo Picasso

Date : 1937

Dimensions : 3,49 m X 7,78 m

Particularité : Noir et blanc 

Lieu : Musée de la Reine Sofia à Madrid (depuis 1992), Espagne

Avant il était à New-York puis au Prado à Madrid

 

« La guerre d'Espagne est la bataille de la réaction contre le peuple, contre la liberté. Toute ma vie d'artiste n'a été qu'une lutte continuelle contre la réaction et la mort de l'art. Dans le panneau auquel je travaille et que j'appellerai Guernica et dans toutes mes œuvres récentes, j'exprime clairement mon horreur de la caste militaire qui a fait sombrer l'Espagne dans un océan de douleur et de mort. »

 

Pourquoi cette ville : La guerre civile en Espagne éclate en 1936 et s'achèvera en1939. Le 26 avril 1937, la ville de Guernica est bombardée par l'aviation Allemande nazie alliée des nationalistes dont Franco.

Pourquoi cette œuvre est-elle en noir et blanc ?

Cela s'explique de plusieurs façons : L'absence de couleurs montre la gravité du sujet et se fait le symbole de la mort, celle de la civilisation. Le noir et blanc évoque la presse. Picasso est informé par voie de presse (d'où la présence d'effets de journaux). Exemple: le pelage du cheval fait de petits traits serrés, réguliers et alignés rappelle les caractères typographiques.

Pourquoi décider de faire une telle œuvre ? Il s'agit d'une commande passée par les républicains à Pablo Picasso pour illustrer le pavillon Espagnol de l'Exposition universelle de Paris de 1937 sur le thème : du progrès et de la paix

La réaction de Pablo Picasso : L'événement a eu lieu de 26 avril 1937, le 30 avril Picasso commence ses premières études sur le thème. Il choisit un très grand format afin d'afficher sa colère et son parti pris (antifasciste) Pas de couleurs, pas de sang, juste des cris, des expressions qui explosent dans le tableau. L'œuvre est présentée le 25 Mai 1937.

Le contexte politique de l'époque, les élections opposant :

Les nationalistes : Composés de la bourgeoisie, l'église et l'armée (généraux) contestent les dernières élections. Franco s'allie avec l'Allemagne Nazie et entrent en guerre : Dictature (1939-1975).

Les républicains : Il s'agit du peuple Espagnol qui symbolise ce front populaire et qui va gagner les élections.

Une toile imposante : 7,78 m X 3,49 m. La grande taille témoigne de l'usage du genre qu'est la peinture d'histoire qui a pour but d'illustrer des événements historiques et politiques d'une époque.

« La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements, c'est un instrument de guerre, offensif et défensif, contre l'ennemi. » Picasso.

De quoi est composé le tableau :

Des animaux (taureau, cheval, un oiseau). Des personnages (hommes, femmes, enfants). Des fragments (personnages, d'objets), des lampes, des flammes, une fenêtre, de la fumée, des armes, une fleur.

Que savons-nous ?

Cette œuvre commandée par les Républicains à Picasso.C'est une œuvre de dénonciation et de protestation par laquelle Picasso exprime sa révolte et sa colère envers cet événement dramatique et en dénonçant les horreurs de la guerre. Il se documentera grâce à la presse et réalisera en 3 semaines cette œuvre. La ville sera presque rasée de la carte tellement, les bombardements seront violents, l'aviation Allemande (Nazis) va engendrer des incendies, des destructions et près de 1600 morts.

A l'époque : Picasso vit à paris en famille (dans un Hôtel rue des grands- Augustins). C'est par la presse qu'il apprend et suit les événements de Guernica. Les premières photos lui feront même modifier son tableau (rajout des flammes / incendies).

La composition du tableau : (Image 1)

Composée en forme de pyramide avec pour centre, la lampe et le cheval. La construction triangulaire permet de stabiliser la scène et de la mettre en valeur, ici elle est plusieurs fois suggérée. La pyramide introduit la notion de hiérarchie ainsi ce qui est en haut est le plus important : ici la lampe, l'espoir, la vision de l'artiste et sur les côtés, le cheval (peuple) et la porte ouverte (l'espoir, la lumière, sortir de la guerre).

Picasso et le symbolisme :

Chaque élément a sa place et sa valeur dans cette œuvre, tout est pensé et intelligemment orchestré. Les artistes utilisent souvent des symboles car ils sont compréhensibles par tous et apportent une meilleure lecture à l'œuvre.

Attardons-nous sur ce qui compose l'œuvre :

Au centre : Cette lampe domine la scène. Elle a la forme d'un œil (Le peintre offrant sa vision). Elle peut signifier la lueur d'espoir malgré la tragédie de ce bombardement, accentuée par la porte ouverte à droite.

Le taureau : Il incarne l'image de la force brute, la brutalité, la cruauté. Ici, il est calme, impassible au milieu de cette agitation. Picasso travaillera beaucoup sur la tauromachie.

Le cheval : Incarne le peuple, fort et fier. Ici, c'est un peuple qui crie, qui souffre, la langue est taillé comme un couteau

Les personnages :

Une mère tenant son enfant mort, exprime sa douleur par un cri. Ses yeux sont en forme de larmes. On peut y voir une référence à la Piéta (Marie pleurant son fils lors de sa descente de croix) de Michel Ange (Image 2). Les incendies provoqués par les bombardements tueront surtout des femmes et des enfants. Picasso rajoutera les flammes en découvrant les photographies de ce qu'il restera de la ville. Les femmes symbolisent les mères, la douleur par leurs expressions. On y voit aussi une référence à la tragédie Grecque (gestuel, cris).

A droitedu tableau, une femme tente d'échapper aux flammes dues aux bombardements des maisons. Elle crie et court. Elle illustre la résistance des habitants en cherchant à échapper à ce destin. Ce cri est aussi celui de l'artiste. Les bras levés vers le ciel peuvent faire écho à la crucifixion ou encore au personnage de Goya dans “El tres de Mayo”. (Image 3)

Une petite fleur est esquissée en bas de façon discrète. Elle pousse au pied même de la main d'un Espagnol à terre. Même son arme brisée, l'Espagne ne veut pas s'avouer vaincue.

La colombe est connue comme étant un symbole de Paix. Ici, elle n'a pas sa place car l'œuvre traite de la guerre, or Picasso tente cependant de l'intégrer mais : dans le noir et criant, blessée (la zone blanche forme sa plaie).

Un autre artiste fera référence à Guernica pour dénoncer les atrocités :

John Heartfield (artiste Allemand exilé en Angleterre). Il réalise des photomontages afin de dénoncer le nazisme et la dictature Hitlérienne. (Image 4)

Ici la main domine et survole la ville, cette main est à la fois la main de la mort mais aussi la main du Nazisme qui s'élève. Formée par la fumée des avions Allemands qui viennent de bombarder la ville Espagnole, la main est l'union de la mort et du pouvoir, cette dernière engendrant la première et inversement. Au premier plan, les cadavres, la population innocente de Guernica. A l'arrière-plan, la ville détruite.

Conclusion :

Les peintres font usage de leurs pinceaux, tout comme l'écrivain le fait de sa plume, des armes pour dénoncer ce dont ils sont les témoins. L'art devient ainsi une arme politique, qui laisse dans l'histoire des traces, des œuvres et des récits. Cela a toujours existé. Mais l'artiste prend parfois des risques à défendre ses idées. L'art devient alors propagande.

 

3e. Oral HdA. Guernica de Pablo Picasso.
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